Bruxelles
n’est pas un jeu récent mais chez “Des Jeux Une Fois”, tout le monde n’y avait
pas encore goûté… c’est maintenant chose faite et en compagnie d’Etienne Espreman,
son auteur, qui plus est. Il faut bien l’avouer, ce jeu nous a laissé un
délicieux goût de « reviens-y au plus vite ».
Une
réédition est prévue pour juin 2016, donc le moment était plus que bien choisi
pour vous faire découvrir ce jeu si vous ne le possédez pas encore.
Sorti pour
Essen 2013 en même temps que les excellents Concordia, Russian Railroads et Maîtres
Couturiers, Bruxelles réussit, cette année-là, à se hisser à la 4ième
place du classement Fairplay lors du salon. Après une victoire au prestigieux
concours Boulogne-Bilancourt, le prix du meilleur jeune auteur lors de la
première édition du DAU Barcelone (au côté d’un certain Antoine Bauza, excusez
du peu) et un As d’Or à Cannes, ce n’est guère étonnant.
Edité par
Pearl Games (Troyes, Tournay), nous voilà plongé à la fin du XIXème siècle, en
pleine période Art-Nouveau. En tant qu’architecte de renom, nous devrons au
mieux jongler entre la construction de maisons style Art-Nouveau, la création
et la vente d’objets d’art afin de tirer notre épingle du jeu.
Le thème
choisi n’est pas des plus simples à appliquer au jeu de société : L’Art-Nouveau, pas très sexy comme thème. Mais c’est à ce moment qu’Alexandre Roche
entre dans la danse et son coup de crayon réussit à donner vie de façon
admirable à tout ce matériel. Je dois avouer que je suis assez fan de son
travail sur Troyes ou Tournay et ici, encore une fois, son style colle
parfaitement à la thématique. Le plateau Bruxelles est juste magnifique. Etienne,
très intéressé par cette époque (oui, sinon, il n’aurait pas eu l’idée d’en
faire un jeu me direz-vous), s’est longuement documenté afin de nous proposer
un thème assez respectueux de l’histoire. Du coup, par exemple, pour les
notables, nous avons Georges Brugmann (banquier, à l’époque) qui nous permettra
d’obtenir de l’argent ou encore Charles Buls qui, quant à lui, nous permettra
de progresser sur l’échelle d’influence de l’Hôtel de ville. Puisqu’il était
bourgmestre de Bruxelles à cette période, cela nous semble tout à fait logique.
Il en va de même pour les architectes et les édifices des joueurs. On apprécie.
Même Etienne se prend la tête ! |
Le jeu se
déroule sur cinq tours offrant à chaque fois un choix d’actions différentes
grâce à un astucieux système d’équerre délimitant une zone du plateau Art
Nouveau. A son tour, le joueur actif pourra choisir entre placer un de ses
assistants sur le plateau Art Nouveau ou sur le plateau Bruxelles.
Vous
expliquer en détail les règles n’est pas aisé tant vos choix auront de
multiples implications mais je vais essayer d’être clair.
Concrètement...
Première
chose à prendre en compte, vous devrez ici bloquer une des actions avec votre
assistant en lui assignant une mise en francs. Cette mise permettra, en fin de
tour, au joueur ayant placé la plus grosse mise au total, de profiter d’une
carte Bonus dont vous profiterez immédiatement ou que vous utiliserez comme
multiplicateur pour les décomptes finaux.
Sur l'image à gauche, dans la première colonne, le joueur Orange a misé 3 francs et le joueur Bleu, 2 francs. En fin de tour, le joueur Orange remporte donc la carte qui se trouve en bas de la colonne. Dans la seconde colonne d’actions, les 3 joueurs sont à égalité. Ils profiteront chacun du bonus, mais personne ne gagnera la carte.
Sur l'image à droite, le joueur Orange a décidé d’utiliser sa carte Bonus en tant que multiplicateur. Il a donc placé cette carte sous son plateau personnel. En fin de partie, les notables qu’il possédera lui rapporteront 4 points au lieu de 1.
Ensuite, vos assistants placés sur ces actions vous permettront également de participer au décompte de majorité qui se passe autour de chaque blason présent sur le plateau.
Autour de ce blason, c’est le joueur Orange
qui gagne un nombre de points de victoire égal à son niveau d’influence à
l’Hôtel de Ville (représenté sur le plateau Bruxelles).
Survolons les actions possibles :
Prendre des ressources : L’action la plus simple ; il vous suffit de piocher deux ressources de votre choix (le bois, la pierre et le fer) disponibles dans le stock. Ces ressources serviront à construire votre édifice.
Plateau perso : L'édifice à construire |
Construire 1 étage de son
édifice :
Pour cette action, il faudra vous plier aux contraintes imposées par
l’astucieux système du « compas des ressources ». Ce compas vous
indiquera les ressources à dépenser, le nombre dépendra de l’étage de votre
édifice (2 ressources pour le premier étage, 3 et puis 4 ressources pour le
dernier étage). Après les avoir dépensées, vous devrez obligatoirement bouger
une des branches du compas afin de pointer la future ressource nécessaire à la
construction. Un bon moyen pour ennuyer vos adversaires et ruiner leur planning
de construction. Par chance, il y a évidemment des ressources
« Joker » qui pourront vous sortir de la mouise. Ensuite, arrive
l’effet « Kiss-Cool » (pour ceux qui ont connu), vous devrez placer
votre tuile Édifice sur une des actions du plateau « Art-Nouveau »
qui vous fera bénéficier d’un petit bonus sympathique si jamais l’un de vos
adversaires se place sur cette action.
L'édifice tout à fait construit |
Créer 1 œuvre d’art : Il vous suffit de piocher une tuile au hasard dans la réserve. Vous exposerez ensuite, fièrement, votre œuvre aux yeux de tous aux côtés de vos précédentes œuvres.
Vendre 1 œuvre : Encore
une action où ça risque de pas mal chahuter, puisque la vitrine qui accueillera
votre œuvre ne comporte que deux places et il est interdit de vendre une œuvre
dont la couleur est déjà exposée. Ensuite, la valeur de votre œuvre est
déterminée par le cours du marché représenté par un curseur que l’on pourra
éventuellement déplacer afin que celui-ci nous soit plus favorable à nous
qu’aux autres.
Rencontre avec un notable : Direction le Théâtre Royal de Bruxelles, afin de nouer quelques liens avec les riches du coin. Grâce à cette action, vous aurez l’occasion de vous payer les services d’un ami qui vous donnera un bonus immédiat. Vous devrez alors décider si vous conservez cet ami ou non. Conserver un contact puissant semble être une bonne idée, mais attention, car il faudra vous acquitter d’une certaine somme d’argent en fin de partie (somme indiquée sur chacune des cartes Notables) ou il vous en coûtera 5 points de victoire. Ce n’est pas rien.
Enchères,
majorités, blocages... Si vous êtes allergiques aux interactions, eh bien, passez
votre chemin ;o)
Un peu plus
haut, je mentionnais le plateau Bruxelles, mais à quoi sert-il ? Je vous
rassure tout de suite, il y aura également de l’action sur ce plateau, 4
actions pour être plus précis : Activer les notables que nous aurons dans
notre zone de jeu ; réaliser une des cinq actions citées ci-dessus ;
prendre de l’argent ou prendre des ressources « Joker ».
La
différence majeure par rapport au plateau Art-Nouveau est qu’ici, il ne sera
pas question d’argent mais d’une surenchère d’assistants. C’est-à-dire que le
premier joueur à activer la case posera un seul assistant, le suivant devra en
poser deux et ainsi de suite. Mais attention car en fin de tour, le joueur
ayant le plus abusé de ces actions devra placer un de ses assistants en prison.
Décidément, le joueur Vert n’a pas de chance : il n’a pas réussi à s’octroyer une majorité sur le plateau Art-Nouveau et maintenant, il est majoritaire sur le plateau Bruxelles. Ce qui signifie l’envoi immédiat d’un de ses assistants en prison...
A la fin des cinq tours, on fait un décompte final suivant le nombre d’œuvres d’art en votre possession, de vos notables encore en jeu, de l’état d’avancement de votre édifice et de l’argent que vous possédez. Le gagnant est le joueur ayant le plus de points de victoire.
Ce qu’on
en a pensé ?
L'aide de jeu |
Tout ceci
fait de Bruxelles un jeu tendu, exigeant, où vous devrez sans cesse peser le
pour et le contre dans vos choix mais franchement, on ne voit pas le temps
passer et après quelques tours, on aura bien assimilé tous les concepts.
Le thème
est original, les mécanismes ont été pensé pour le thème, le matériel est superbement
illustré, le temps de jeu est plus que raisonnable pour un jeu de ce calibre et
une fois le jeu compris, on ne revient jamais dans la règle.
Du côté des
défauts, on pourra souligner :
- - L’aide
de jeu minimaliste (au sens propre comme au figuré) des actions secondaires qui
se trouvent sur le plateau des joueurs.
- Une
piste de score qui se termine à 79 ? 79, sérieusement ?
Un
jeu qui parle à tous les Bruxellois mais des règles qui ne parleront pas à tous
les Bruxellois.
Malgré ces
légers petits défauts, chez DJUF, c’est sûr, c’est un « Must Have »,
une fois !
Al
Fiche technique :
Site internet : Ici
Auteur : Etienne Espreman
Illustrateur : Alexandre Roche
Editeur : Pearl Games
Joueurs : 2 à 5
Age : 13 +
Durée : > 90 minutes
Je n'aurais pas dit mieux !
RépondreSupprimerJe dirais même plus : je n'aurais pas dit mieux !
Etienne