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jeudi 2 février 2017

Great Western Trail

Ceci sera probablement mon ultime coup de cœur concernant Essen 2016 ou du moins, méritant un article. Alexander Pfister avait marqué les esprits en 2015 avec Broom Service (Spiel 2015) ; Isles Of Skyes et enfin Mombasa. Avec son Great Western Trail, il était clair que tout le monde l’attendait au tournant, allait-il « fauter » ? allait-il réussir le doublé ?

Sans trop de suspense, il a répondu à toutes les attentes, voire même plus, une fois !

Il suffisait de voir la file absolument gigantesque qui s’était agglutinée au stand de Stronghold Games pour comprendre que si vous vouliez votre exemplaire, il ne fallait pas attendre la fameuse partie test sur le salon, non, il fallait l’acheter maintenant ou attendre de longs mois en pleurant sur votre erreur monumentale. D’ailleurs, voir notre animateur de la table, nous planter au beau milieu de l’explication juste pour aller « sauver » sa boîte de la cohue, restera, je pense, un excellent souvenir ;o)

Il faut dire que rien que le pitch vendait du rêve : des cow-boys, des vaches et des trains. Moi, j’adore les trains et les cow-boys, et si en plus, y a de la vachette…n’en rajoutez pas plus et hop dans la besace !!!




Un jeu…une histoire…


Maintenant, mon but est d’amener mes vaches jusque Kansas City en traversant les plaines du Far West afin de les envoyer par train dans différentes villes et d’en récolter les bénéfices. Evidemment, cela ne se fera pas sans heurt, les autres propriétaires de troupeaux sont là pour la même raison que vous et il est clair qu’ils ne vous laisseront pas fouler leurs terres sans prendre une petite commission. De plus, je ne pourrai vendre que 4 de mes vaches et toutes différentes si possible.

Pour mon premier voyage, je me suis attribué les services de Miguel, un mexicain qui connaît parfaitement la moindre parcelle de terre qui nous sépare de Kansas City. Il a également des contacts dans les différents ranchs que nous traverserons, ce qui me permettra de réaliser, je l’espère des transactions intéressantes.

Nous voilà donc en route pour la première étape, nous ne sommes pas obligés de nous arrêter, nos chevaux sont suffisamment robustes pour parcourir encore 2 étapes supplémentaires mais tous les chômeurs du coin s’y rassemblent tous les soirs, me raconte Miguel, ce qui me permettrait d’engager dans la main d’œuvre pour me faciliter le travail. Evidemment, les autres éleveurs sont présents également mais on me rassure tout de suite, il y a de la place pour tout le monde. Il se trouve que je n’ai pas assez d’argent pour me permettre les services d’un nouvel employé mais qu’importe, je me sépare d’une de mes modestes vaches afin de résoudre ce problème.

Le tour de jeu est ultra simple, on déplace son cow-boy de 1 à 3 tuiles puis on réalise l’action de la tuile si elle nous appartient (notre couleur) ou si c’est une tuile neutre. Ici, comme action, je peux me défausser d’une carte blanche « 2 » pour gagner 2 sous. Je peux également engager un ouvrier au prix indiqué sur le marché et je peux également réaliser un second engagement avec un surcout de 2 pièces. A côté de ça, il m’est toujours possible de réaliser une action de mon plateau à la place des actions de la tuile sur laquelle je me trouve.

Une tuile neutre
Après une bonne nuit de sommeil, nous voici repartis pour la suite de notre périple.
Nous arrivons en vue d’un second ranch qui a toutes les allures d’une ébénisterie, Miguel me raconte que c’est là que je pourrai décider d’acheter le matériel nécessaire à la construction d’un ranch si l’envie me prenait. Ils livrent même dans tout le Far West, je pourrai donc décider de construire un ranch n’importe où entre mon endroit de départ et Kansas City. Un ranch supplémentaire me donnant un pied-à-terre supplémentaire où nourrir mes bêtes et où récolter peut-être quelques commissions, voilà qui est fort intéressant.

Je peux me défausser d’une vache verte de valeur « 2 » afin de gagner 2 sous et je peux décider de construire un de mes bâtiments personnels. Je pourrai placer ce bâtiment sur n’importe quel emplacement disponible sur le plateau :


Ce bâtiment me demande de posséder 2 artisans pour être construit et me coûtera donc 4 sous. Maintenant qu’il est placé, dès qu’un cow-boy adverse le traversera ou s’arrêtera dessus, il devra me payer une certaine somme d’argent (indiqué par la main noire) dépendant du nombre de joueurs : 



Nous continuons donc jusqu’au prochain ranch, notre destination finale pour aujourd’hui. Ce ranch est tenu par Charlotte, une femme spécialisée dans l’embellissement de vaches. Oui, elle va tellement chouchouter mon troupeau pendant mon séjour chez elle que cela me permettra de les vendre au meilleur prix. Une excellente opération. Elle possède également un télégraphe me permettant de communiquer avec mes ingénieurs se trouvant à bord de mon train de marchandises qui m’attend à Kansas City. Grâce à eux, je paierai moins de taxes lors de la livraison.


En effet, après avoir effectué une livraison dans une des villes, je vais devoir des frais de livraison si mon train ne se trouve au moins à la hauteur de la ville livrée. Chaque croix rouge représente 1 sou que je devrai payer. Ici, si je livre à Santa Fe, je devrai payer 4 sous après la livraison :



Le lendemain, Miguel me propose 2 alternatives : la première consiste à aller rendre visite aux indiens de la région, en négociant avec eux, je pourrai peut-être m’attirer leur faveur m’apportant quelques bénéfices quand mon périple se terminera. Mais je décide d’opter pour la seconde qui nous mène directement à une énorme salle de vente où je décide d’agrandir un peu mon cheptel. Malheureusement, je remarque que je n’étais pas assez préparé : il me faudra plus de cow-boys afin de pouvoir dompter cette magnifique "Texas Longhorn" mais aucune importance, j'ai de quoi me permettre l'achat d’une superbe « Ayrshire ».

Je peux me défausser d’une vache « Noire » afin de gagner 2 sous puis je peux accéder au Marché de vaches : suivant le nombre de mes cowboys, je pourrai acheter un certain type de vaches et les prix varieront également en fonction du nombre de cow-boys que je posséderai :


Quoiqu'il en soit, nous continuons à gambader à travers les plaines arides pour arriver en vue du dernier ranch avant Kansas City où vu la proximité de Kansas City, il me sera aisé de communiquer avec mes ingénieurs de train et où il me sera possible de faire un peu de manutention : tenter d’avoir une meilleure sélection de vaches, peaufiner le pelage de mes bêtes pour les rendre pour en tirer un meilleur bénéfice, éliminer les vaches qui ralentissent mon troupeau, etc etc

Après une bonne nuit sommeil, nous profitons d’un soleil splendide pour nous accueillir à Kansas City, il me reste donc à remplir les dernières formalités avant de repartir chercher d’autres vaches à vendre à mon point de départ. J’ai l’occasion de croiser le chemin de quelques cow-boys en quête de travail, je leur indique le ranch où j’ai pu embaucher mon équipe. Qui sait, nos chemins se recroiseront-ils un jour ? Voilà, mon périple touche à sa fin et il est l’heure de monnayer mes vaches, je réussis à en tirer 8 $, ce qui est une belle affaire à l’heure actuelle, et je réussis à conclure un deal avec la ville de Santa Fe.

Arrivé à Kansas City, vous aurez 5 étapes à réaliser. L’étape 1, 2 et 3 sont identiques : vous devrez choisir des tuiles à placer sur le plateau ou sur le marché des ouvriers. Ensuite, vous vendez votre main de vaches. Attention, vous ne vendez qu’un seul exemplaire de chaque vache, vous pouvez augmenter la valeur marchande de votre lot grâce à des « certificats de beauté » obtenus auprès de Charlotte, par exemple. Puis, vous choisissez une ville où livrer vos vaches (la valeur de la ville ne peut excéder la valeur de vente, c’est-à-dire que si j’ai vendu pour 8 sous, je peux au maximum atteindre la ville de Santa Fe). Attention, à nouveau, on ne peut vendre qu’une seule fois dans une ville, ensuite, il faudra payer une certaine somme si votre train n’est pas à la hauteur de la ville désignée.

Maintenant, il ne me reste plus qu’à redescendre pour aller chercher le reste de mon troupeau, peut-être vais-je réussir à revenir avec plus de vaches pour en tirer un meilleur profit et atteindre le Saint-Graal de toutes les destinations, San Francisco ?

A la fin…

Décrire toutes les actions possibles dans Great Western Trail eut été un challenge…challenge que j’ai choisi de ne pas relever : entre les actions des bâtiments neutres, les actions de ses bâtiments et les actions de son plateau, il y avait de quoi vous endormir avant la seconde page ^_^

Vos bâtiments personnels
A gauche du plateau, on trouve les actions que vous pouvez réaliser à tout moment en lieu et place d’une tuile action. Au centre, la zone où vous engagerez vos cowboys, ouvriers et ingénieurs qui vous donneront des bonus à certains moments et des points de victoire en fin de partie. A droite, on trouve la zone aux « certificats de beauté ». Sur ce plateau, il y a plein de choses que vous débloquerez lorsque, notamment (mais pas que), vous vendrez vos vaches aux villes.

Votre plateau personnel
J’ai donc tenté de vous résumer les actions possibles (et je n’ai qu’effleuré la surface de l’iceberg) que vous allez croiser sur la route de Kansas City. Evidemment, tout va évoluer au fur et à mesure que les joueurs construiront de nouveaux ranchs et que votre plateau personnel évoluera.

GWT est un grand jeu, un gros jeu, un de ceux qui vous donne mal à la tête car l’impact que vous avez sur le jeu est juste énorme.
Placez de manière complètement frivole votre nouveau bâtiment ou retirez au hasard un de vos pions du plateau personnel pour débloquer une nouvelle compétence et vous vous en mordrez les doigts 2 tours plus tard, croyez-moi. Que ce soit le recrutement, la construction, le choix de quelle nouvelle action à débloquer, dois-je défausser telle ou telle vache, tout, je dis bien tout vous pousse à une intense réflexion. J’en profite pour vous signaler que c’est l’action de recrutement qui déclenchera la fin de partie, en effet, au plus vous passerez par Kansas City, au plus vous ajouterez des ouvriers au marché, au plus le petit « token fin de partie » descendra et lorsque celui-ci quittera le plateau, ce sera la fin du jeu.

Je vous l’avoue, lors de ma première partie, GWT m’a laissé de marbre. Je ne savais pas trop quoi en penser mais à la seconde partie, tout le génie de ce jeu m’a subitement sauté aux yeux. Il est juste exceptionnel : hyper calculatoire, tendu, de l’interaction directe (les taxes à payer aux adversaires, le blocage de certaines routes) et indirecte (le marché aux vaches, les teepees, les chefs de gare), des stratégies radicalement différentes et qui s’avèrent payantes. Et je passe sous silence la qualité et la profusion du matériel car je pense que j’en fais trop ^_^

Alexander Pfister nous a sorti une perle… un millésime, enfin, en ce qui me concerne. Comme toujours, ce jeu ne parlera pas à tout le monde : le tour de jeu est ultra simple mais il y a des règles dans tous les sens et on est dans la salade de points pure et dure, on marque des points partout et avec tout. Néanmoins, jouer sans avoir un petit axe stratégique vous mènera à une belle déculottée.

Maintenant, toute cette belle réflexion à un prix : le temps ! Avant quelques parties, ne comptez surtout pas descendre sous les 2h de jeu minimum (à 2 joueurs) mais « Oh My God » qu’on ne voit pas le temps passer.

Avec Mombasa et GWT, Alexander Pfister devient sans aucun doute, l’auteur de jeu « hardcore » du moment et cela fait du bien car depuis quelques années, mon auteur de prédilection, Stephan Feld, a tendance à me faire faux-bond. Dernière chose, pour le moment, il n’existe qu’en anglais et la règle n’est pas des plus digeste mais aucun texte ne se trouve sur le jeu.
Rassurez-vous, si vous ne le saviez pas encore, la traduction est déjà assurée par Gigamic et le jeu devrait débarquer en boutique vers mars. Qu’on se le dise…

Bon jeu

Al

Fiche Technique :
Joueurs : 2 à 4
Durée : 90 à 120+min
Age : 12+
Editeurs : Stronghold Games, Eggertspiele, PegasusSpiele (prochainement en Français chez Gigamic)
Distributeur : Pegasus Spiele
Auteur : Alexander Pfister
Illustrateur : Andreas Resch

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